Découvrez l’Habitation Néron, un écrin de verdure atypique pour vos évènements
Le premier document attestant du site de Néron date de 1732. Le site y est alors décrit comme une petite concession appartenant à une veuve.
En 1740, Pierre Néron Beauclair, Commandant de quartier, fait l’acquisition de la propriété. Il y fait bâtir une habitation qui sera plus tard équipée de chaudières pour en faire une sucrerie.
A la fin des années 1760, un nombre important d’esclaves y travaillent. Après des années de changements de propriétaires, un incendie survient en 1872 et détruit la sucrerie, reconstruite 4 ans après presque à l’identique.
Un tournant clé a lieu en 1912 avec l’acquisition de la propriété par Antonin Louis Laprime, un industriel de la ville du Moule. Il modifie en profondeur le site qui passe ainsi d’habitation-sucrerie à distillerie.
Après de nombreuses ventes et successions, l’habitation est achetée en 1933 par la famille Roger Beuzelin, curé du Moule, qui en restera propriétaire pendant 67 ans. C’est une période prospère pour la distillerie Néron avec la production du rhum Néron mais aussi de jus de fruits et d’eau de toilette. L’habitation Néron et l’habitation voisine La Mahaudière constituent alors la plus grosse distillerie du Moule, à l’exception de l’usine Gardel.
En 1944, la chapelle, dédiée au Sacré Cœur, est construite sur le site par Monseigneur Gay. Néron reste en fonctionnement jusqu’en 1966, année de l’arrêt total de la production.
En 1991, le Conseil Général de Guadeloupe devient acquéreur de 8 ha de la propriété comprenant les bâtiments et installations, à l’exception de la maison de maître. Acquise en 1993 par la ville du Moule, année de rénovation de la chapelle.
Signe que cette Habitation fait partie intégrante de l’histoire de Guadeloupe, elle figure parmi les sites du circuit touristique « La Route de l’esclave. Traces-mémoires en Guadeloupe ». L’Habitation Néron est un site à la fois destiné aux résidents locaux, aux groupes scolaires et aux touristes de France métropolitaine.
MAISON DU GÉREUR
Ancienne maison de maître, elle devient la maison du géreur après la construction de la nouvelle maison de maître actuelle située en hauteur.
La maison du géreur est un point central de l’habitation Néron. Reconnaissable par ses toles orangées, elle témoigne d’une architecture spécifique et typique de l’époque. Bâtie en bois, le géreur, chargé de la supervision de l’usine et du domaine y résidait. Sa proximité avec le moulin et la distillerie en atteste.
La main-d’œuvre logeait en contrebas de l’Habitation, plus précisément à proximité des mares dans des cases prévues pour accueillir les travailleurs issus de la traite négrière.
Plusieurs décennies après, ils ont été installés juste en face de la maison du géreur, où l’on peut y voir les vestiges de l’ancienne structure dédiée aux domestiques.
LE MOULIN ET LA BALANCE
Idéalement situé sur la commune du Moule, l’habitation accueille un imposant moulin à vent intégralement en pierre, bâti début du XXe siècle, à proximité de la côte. Avec les vents d’Est provenant de l’Atlantique. Il bénéficie d’une situation géographique idéale pour faire fonctionner ses pâles.
Le moulin permettait de broyer les cannes à sucre grâce à la force motrice du vent, un moyen utilisé largement aux Antilles en témoignent les vestiges encore visibles à Marie-Galante et en Grande-Terre.
Si les pâles du Moulin de Néron sont manquantes, la hauteur de 20 mètres laisse deviner l’ampleur de la production du site au plus fort de son activité. Des aménagements intérieurs tardifs ont également été réalisés pour installer une citerne d’eau en haut de la tour. Les cannes à sucre étaient amenées par Cabrouets (kabwèt en créole), ce sont des charrettes à tractées par des bœufs utilisées pour acheminer les récoltes directement au moulin.
Juste à côté du moulin, les vestiges d’une balance indiquent l’endroit où les charrettes venaient pour déposer les cannes à sucre fraîchement coupées afin d’y être pesées. Elles étaient ensuite broyées au moulin pour en extraire leur jus, distillé en rhum Néron.
LA DISTILLERIE
Dès le XVII ème siècle, la structure économique de la Guadeloupe se modifie avec l’essor de la culture de la canne à sucre. De nombreuses habitations-sucrières voient le jour provoquant avec elles un accroissement de la population. ( Pour en savoir plus sur la structure économique et la composition démographique de la Guadeloupe au XVIIIème siècle.)
L’activité de l’habitation sucrière Néron prend fin à la fin du XIXème siècle. C’est en 1912 que le nouveau propriétaire de l’Habitation, Antonin-Louis Laprime, un industriel de la ville du Moule, transforme la sucrerie en distillerie. C’est le début de la production du Rhum Néron et de l’eau de Cologne.
Plusieurs catastrophes naturelles s’enchaînent, tout d’abord le tremblement de terre du 8 février 1843 suivi du cyclone de 1928 ravageant la Guadeloupe, ne laissant plus rien du paysage urbain et rural. (Pour en savoir plus sur le cyclone de 1928).
Aujourd’hui, les vestiges de la distillerie sont particulièrement impressionnants et laissent deviner l’emplacement d’une colonne de distillation à plateaux en alliage cuivre, ainsi qu’un moulin de broyage à cannes, comportant deux trains de trois rolles chacun.Les vestiges comportent également plusieurs cuves de fermentation, dans un espace attenant au four et aux cuves extérieures où le rhum était stocké.
En descendant et en longeant l’ancienne distillerie l’on peut apercevoir un ancien atelier abritant de vieilles machines et outils ainsi que les ruines d’un bâtiment servant de lieu de stockage sur deux étages.
LES MARES
L’ancienne route de Néron traversait l’Habitation Néron et bordait les mares présentes sur le site et il n’était pas rare d’y voir une “Ti LoLo”. Une marchande de pistaches et d’alcool
qui ravitaillait les conducteurs de cabrouets venus livrer la canne à sucre. (pour en savoir plus sur les marchandes)
Véritable écosystème situé à l’opposé de l’entrée de l’Habitation, les cinq mares sont toujours visibles, bien qu’elles ne soient pas remplies tout au long de l’année. L’approvisionnement en eau était une donnée centrale du fonctionnement de l’usine et leur permettait d’être autonome en ressource d’eau au quotidien.
Elles sont aujourd’hui étudiées et protégées par l’Office National des Forêts qui étudie également la faune présente à proximité des points d’eau du site.
Les mares de l’Habitation font également l’objet de contes et légendes diverses. Aux Antilles, ces petites histoires se racontent dans des contextes spécifiques, lors de veillées par exemple et se transmettent en majorité à l’oral. Elles ont pour particularité d’expliquer le fonctionnement de la société de l’époque d’une façon imagée.
LA CHAPELLE
C’est sans nul doute le bâtiment le mieux conservé du site. La Chapelle de l’Habitation Néron a été érigée en 1944 par Monseigneur Gay qui la dédie au Sacré Cœur.
Après la fermeture du site en 1966, elle continue de recevoir des offices, des mariages et des concerts. Une longue allée pavée et ornée d’arbres permet d’y accéder rendant l’espace particulièrement agréable pour les mariages.
Sources : Scènes des Antilles Antan Lontan (édition Ernest Pépin) et La Grande Encyclopédie de la Caraïbe (éditon Sanoli)
Un groupe de travailleurs devan leur case en paille.
Case de cultivateurs.
Les Cases
Elles sont conçues entièrement en bois, et recouvertes de paille de canne sur le toit. On retrouve souvent un jardin créole à côté de ces petites habitations et des animaux.
Le Moule – La Grand’ Rue St-Jean-Baptiste.
Le Moule – L’église – Sortie de Messe.
La commune du Moule
L’origine du nom de la commune du Moule donne lieu a deux principales hypothèses. La première voudrait que “Le Moule” tire son nom de l’irlandais “Mool”. Ce dernier aurait été chargé par le gouverneur de Guadeloupe vers la fin du 17è siècle de diriger le convoi d’expédition à l’origine du peuplement de la Grande-Terre.
La deuxième hypothèse raconte que “Le Moule” serait la déformation du mot “ Môle” signifiant “une jetée” ou “un embarcadère”, du fait de son port autrefois important. Un des premiers édifices érigé sur la commune est l’église dédiée à St-Jean Baptiste, datant des années 1800. Sa façade en pierres calcaires au style néoclassique est caractéristique de la Grande-Terre.
Le développement économique de la commune intervient avec l’essor de la culture de la canne à sucre, entraînant un accroissement de la population. Ville côtière, elle cherche à exploiter ses atouts en développant le seul port situé sur la façade atlantique. Ce dernier est consacré au commerce et à l’exportation de marchandises vers l’Hexagone.
Son expansion et son autonomie n’étaient pas vues d’un très bon œil par le port principal situé à Pointe-à-Pitre. Elle obtient en 1828 le droit d’exporter les denrées coloniales sans les faire passer par Pointe-à-Pitre,à savoir le sucre, les épices et le rhum.
La première partie du 19ème siècle, est une période prospère pour la ville du Moule, indépendant et autonome dans le commerce maritime elle entame son déclin juste après 1830, quand le le gouverneur vend des concessions de terrains au quartier dit des “nègres libres”. S’ensuit un enchaînement de catastrophes naturelles comme le tremblement de terre du 8 février 1843, qui mit fin au développement de la ville.
La fermeture du port et la crise sucrière, donne lieu à l’émigration de la bourgeoisie blanche vers la basse terre. Le cyclone de 1928 fut dévastateur, ne laissant pratiquement plus rien de la ville du Moule dont le clocher de l’église totalement détruit puis reconstruit par l’architecte Ali Tur.
Sources :
Michel Menard « Historique de la ville » lemoule.fr
Les Cabrouets
Les cabrouets étaient chargés de transporter la canne à sucre sur des petites distances. La voie ferrée est utilisée pour le transport de plus grosses quantités de cannes.
GUADELOUPE – Transport de la canne par Cabrouets.
Exploitation de cannes à sucre – Un convoi (Balance N°2).
GUADELOUPE – Charette à boeufs se rendant dans les bois.
GUADELOUPE – Transport de la canne du champs à la voie ferrée.
Economie Guadeloupe
L’introduction de la canne à sucre au XVII ème siècle modifie la structure économique de la Guadeloupe qui, jusqu’alors, tirait principalement ses ressources de la culture du tabac.
Les plantations et les habitations sucrières se multiplient sur l’ensemble de l’archipel. Une importante main-d’œuvre fournie par la Traite Négrière faisait tourner l’activité de ces habitations.
C’est ainsi qu’à la fin du XVIII ème siècle, la population se compose en 3 grandes parties :
Les “ Blancs” : La majorité sont des planteurs ou propriétaires d’habitations sucrières. Ce sont des Hommes dits “libres”
Les” libres de couleurs” : il s’agit d’anciens esclaves qui ont été affranchis ou bien de leur descendant “ metis” issus d’une union illégitime
Les” esclaves” : Ils représentent 80% de la population et ont chacun un rôle défini
(domestiques, ouvrier agricole, ou encore ouvrier de chantier…)
Dégâts du Cyclone de 1928 – Maison Saingolet.
Dégâts du Cyclone de 1928 – Vue générale de Pointe à Pitre.
Dégâts du Cyclone de 1928 – Vue du faubourg Frebault.
Dégâts du Cyclone de 1928 – Rue Léonard.
Cyclone de 1928
Le 12 septembre 1928, un cyclone balaie la Guadeloupe du Sud-Est au Nord-Ouest.
Marie-Galante et les communes du Sud de la Grande-Terre sont les plus ravagées par cette catastrophe. Le Moule situé à L’est de la Grande -Terre, a subi le cyclone de plein fouet et les communes voisines telles que les Grands Fonds, Sainte-Anne, et Saint-François n’existent plus.
Le centre historique de Point-à-Pitre est grandement affecté et on y déplore 1500 victimes. Les renforts venus de la Martinique par le vapeurs “Antilles” n’arrivent que 6 jours après la catastrophe.
Cette tragédie permit en revanche d’entreprendre des travaux d’assainissement et de repenser les architectures afin qu’elles soient plus résistantes face aux aléas climatiques.
L’architecte tunisien Ali tur mena les travaux de reconstruction dans un style moderne inspiré des bâtiments américains présents dans les territoires coloniaux des États-Unis.
Transport de la Canne à Sucre.
Sarclage de la Canne à Sucre.
Extrait de « l’histoire des communes ».
Arrivée d’un train de cannes à sucre.
Coupe de la Cannes à Sucre.
Embarquement de rhum sur la côte à destination de Fort de France.
Crise sucrière
Le sucre est un produit rare durant la seconde guerre mondiale, car les usines françaises sont détruites par les Allemands.
En 1923, une loi sur le contingentement du rhum est mise en place. Le gouverneur accorde aux sucreries antillaises un contingent proportionnel à la production de sucre qui permet à l’hexagone d’être approvisionné en sucre durant cette période de crise.
Les usines finissent par être reconstruites et la culture de la betterave se développe en parallèle, faisant chuter le prix de la canne à sucre.
Des mesures protectionnistes sont demandées par les industriels de l’Hexagone sur l’importation du sucre des Antilles, entraînant par la suite l’augmentation des taxes et droits de douanes sur ces produits.
La Guadeloupe illustrée 172. Marchande de bonbons.
La Guadeloupe illustrée 173. Marchande de homards et de crabes.
La Guadeloupe illustrée 172. Marchande d’écrevisses.
La Guadeloupe illustrée 172. Marchande de tablettes cocos.
Les marchandes
Les marchandes sont des femmes qui font partie intégrante de la vie économique et sociale des communes. Elles animent ainsi les marchés. Les plus appréciées par les enfants sont, sans surprise, les marchandes de pistaches et bonbons.